Les rêves : qu'est-ce que l'Anima ?
Littéralement, ce terme signifie "âme". L'Anima est le " pôle féminin " de l'homme, ce qui n'a rien à voir avec une faiblesse quelconque, bien au contraire ! Le pôle féminin ? Une bonne comparaison pourrait être faite avec une machine à vapeur. Le pôle féminin serait la chaudière et la vapeur sous pression qu'elle renferme. Le pôle "masculin" serait la turbine. On comprend que, sans la capacité de la chaudière et la puissance de son contenu, la turbine ne servirait strictement à rien, pas plus qu'une centrale hydro-électrique sans le lac qui l'alimente.
De même, sans une anima ordonnée, sans le potentiel exploité de son Anima, l'intelligence et la raison de l'homme ne seraient que fruit sec. Un fruit sec très brillant parfois, mais fruit sec tout de même.
L'Anima, c'est la potentialité intérieure. Présente dès l'enfance, tout dépend de ce qu'elle devient en cours de route. L'Anima groupe le réseau des sensations. C'est le radar de l'homme. C'est par son Anima qu'un homme ressent la vie, positivement ou négativement. C'est par son Anima qu'un homme se construit ou se détruit.
Dans les rêves masculins, l'Anima négative se projette sur des femmes qui symbolisent négativement la mère, sur des objets ou des lieux. On trouve fréquemment :
- des vallées. Elles sont généralement "féminines" par leur douceur, leurs harmonieuses ondulations. Comme Animas négatives, elles apparaissent désolées, ou calcinées ou enneigées. Elles se montrent sans espoir. Aucune nourriture ne peut s'y trouver. Ce sont des vallées de solitude. Le voyageur s'y égare. L'espérance y est morte.
- des plaines. Elles sont alors nues et arides. Elles sont parfois mystérieusement éclairées par la lune. Les points de repère manquent. Comme les vallées, elles sont des lieux de solitude et de perte de soi.
- des bateaux. Ils peuvent (négativement) symboliser le "ventre maternel" où l'on se réfugie pour échapper à la vie. Dans certains rêves, ils sont en mauvais état. Ils sont mal gréés. L'intérieur est misérable. La peinture tombe en lambeaux. La coque est trouée. Les voiles sont déchirées. Ce sont également les bateaux-fantômes errant au large. Ou des bateaux indéfiniment ancrés au port, sans espoir de départ. A moins qu'ils ne partent vers des lieux sans retour...
- des maisons. Les différents niveaux de la maison représentent les niveaux de la personnalité. La maison est le domaine de la femme et de la mère, mais aussi de l'intériorité. Comme Anima négative, la maison se présente évidemment sous des aspects maléfiques. Elle peut être figée dans le passé. Ou bien archaïquement bourgeoise, stratifiée, morte. A moins qu'elle ne. soit entourée d'un jardin défleuri, abandonné. Elle est vide, désolée. Le grenier et la cave sont angoissants. Les escaliers sont sales, délabrés, à moins qu'ils ne mènent nulle part...
- des villes. Elles sont généralement des symboles maternels, ou d'Anima. Répétons qu'une ville contient en elle les habitants (les enfants) comme une mère en son ventre. En tant qu'Anima négative, la ville est ressentie comme étant hostile, corrompue, fascinante.
- des jardins. Lieu secret où l'on médite, où l'on participe à sa vie intérieure, le jardin se présente en Anima négative comme glacé, abandonné, hivernal, embrumé...
- des statues. Symboles d'Animas figées, non-évoluées, bloquées au temps de l'enfance, les statues peuvent présenter des aspects de sirènes, de gargouilles, de sorcières, etc.
- des eaux. Symbole de l'engloutissement possible (du moins comme Anima négative!). L'eau peut, ici encore, se présenter sous forme de marécage, de lac, de neiges, de brouillards, avec les dérivés : barques, nénuphars, cascades gelées, ou polluées, vasques asséchées, poissons malades ou morts, chants de femmes sur les eaux dangereuses ou dans les brumes...
Dans les rêves d'Anima positive, l'image de la femme n'est plus menaçante ni obscure. Elle s'illumine. Elle devient nostalgique, douce, cachée, mystérieuse, romantique. Nous retrouvons aussi les symboles de l'Anima négative; mais ils sont "retournés". Ce sont, dans les rêves :
- des vallées. Elles sont enchanteresses, fertiles, gorgées de promesses. Véritables paradis terrestres, elles sont l'image de la féminité dans sa puissance et son appartenance à l'universel.
- des villes. Harmonieuses, printanières, elles symbolisent la douceur de vivre.
- des plaines. Elles se montrent infinies, sans obstacles, souvent doucement ensoleillées.
- des eaux irisées ou bondissantes, des fleuves au travail où passent les péniches, des jets d'eaux multicolores, des sources vives...
- des maisons bénéfiques et merveilleuses, des oiseaux ou poissons mordorés, des paysages calmes, des neiges et des montagnes lumineuses et vivantes.
- des épées brillantes telle la Durandal de Roland, des statues qui s'animent et dansent...
Pierre Daco - L'interprétation des rêves