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Fugues
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25 juillet 2011

Avons-nous vraiment besoin de remords et d'angoisse ?


Le remords et l'angoisse ont tous les deux un effet puissamment destructeur. Comme le moi faible, ils ont pour rôle de nous mettre mal à l'aise vis-à-vis de nous-mêmes. Ils paralysent notre activité et nous empêchent de fonctionner au mieux de nos capacités. Ils n'ont aucun rôle positif dans l'instant présent. Quand nous vivons l'instant présent, nous n'avons de temps ni pour le remords ni pour l'angoisse; nous vivons notre vie au lieu de la juger.

Nous-n'avons pas besoin du remords car nous avons une conscience. Dans ce contexte, remords et honte sont équivalents. Notre conscience nous prévient quand nous avons fait quelque chose de mal. La conscience nous envoie un message qui dit à peu près: « Aïe, ça, c'était un mauvais comportement » ou bien « Je souhaiterais ne pas avoir dit ou fait cela ». Nous pouvons nous représenter notre conscience sous les traits d'un doux précepteur, qui nous explique instant par instant comment évolue notre vie et ce qu'il faudrait y changer. Dès le moment où nous avons confiance en nous, nous pouvons faire confiance à notre conscience.

Le remords en revanche est un dictateur malveillant. Il nous rabâche que nous sommes mauvais, que notre personnalité dans son ensemble est inadaptée, mauvaise ou égoïste. Le remords isole un acte, une pensée ou un sentiment et l'extrapole à l'ensemble de la personnalité. Le remords nous submerge d'images négatives, il nous donne l'impression d'être faible et sans ressource. Voilà pourquoi sa dictature est si efficace : il acquiert rapidement la maîtrise de notre nature, de notre comportement et de notre vie.

Le remords est insidieux en ce sens qu'il favorise la récidive du « mauvais » comportement. C'est un cercle vicieux, un serpent qui se mord la queue. Le mécanisme du remords est en général le suivant :

1) On commet un acte méchant, égoïste ou destructeur vis-à-vis de soi-même ou d'un tiers, bref quelque chose dont on sait pertinemment que c'est mal.

2) On commence à en éprouver du remords.

3) Le remords augmente.

4) Le remords ronge et dévore, la souffrance est insupportable.

5) On part à la recherche d'un moyen d'échapper à cette
souffrance.

6) On entreprend de justifier son comportement grâce à des facteurs extérieurs. Par exemple: « S'il avait fait ceci, je n'aurais jamais fait cela... ».

7) On augmente l'importance des prétextes extérieurs jusqu'à justifier et excuser son comportement.

8) On se pénètre de ces faux-semblants.

9) On récidive.

Excellent exemple de ce cercle vicieux : les ménages de drogués. Prenons un couple dont l'un des membres se drogue ; l'autre est souvent un codépendant et chacun fait retomber sur son conjoint la responsabilité de son propre comportement, suivant le cercle vicieux décrit c-dessus. Voici à peu près le raisonnement du drogué : « Je me drogue mais j'ai honte (ce qui prouve que je suis quelqu'un d'épatant) ; quand mes remords sont insupportables, je transfère sur toi ma culpabilité  je justifie ainsi mon comportement et me procure de bonnes raisons de persister ». Ce cercle vicieux n'existe qu'au sein de couples où aucun des deux ne s'assume. Un adulte est responsable de ses actes. Un adulte ne se ronge pas de remords. Assumons nos actes, cessons de cultiver le remords. La prochaine fois qu'un remords nous vient a l'esprit, tranchons dans le vif : disons-nous simplement que nous avons fait quelque chose qui nous déplaît ; tirons-en les leçons ; la fois suivante, ne recommençons pas à faire la même chose. Remercions notre conscience. Récompensons-nous d'assumer nos responsabilités. Détachons-nous du remords.

De la même façon, l'angoisse est inutile. Qu'est-ce que l'angoisse ? Elle consiste à rêver à un événement dont nous souhaitons qu'il ne se produise pas. Elle consiste à se faire du souci à propos d'événements qui ne se sont pas encore passés. Une fois que cette circonstance se présente, nous pouvons prendre des mesures en conséquence. Que de fois ne nous sentons-nous pas soulagés quand quelque chose dont nous avions peur se produit enfin ? Nous pouvons ajuster notre comportement à n'importe quel événement présent, mais nous ne pouvons jamais remédier à quoi que ce soit en cultivant l'angoisse. Elle est profondément inutile. L'angoisse commence parfois comme un mauvais rêve éveillé, et elle évolue rapidement en cauchemar. Comme le remord, l'angoisse nous arrache au présent et nous transporte dans un no man's land de douleur, de découragement, de gâchis et de perte de temps. Détachons-nous de l'angoisse. Vivons l'instant présent sans remords ni anxiété. Pour mordre dans la vie à belles dents, nous n'avons besoin ni de l'un, ni de l'autre.


Susanna Mc Mahon

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