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Fugues
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28 novembre 2006

Contrebande...

Juan arrive du Mexique à la frontière séparant le Mexique des Etats-Unis en bicyclette. Il a un gros sac sur ses épaules. Le douanier l'arrête et lui demande : "Qu'est-ce que tu as dans ton sac ?". Juan répond : "Du sable".

Le douanier incrédule lui dit : "On va voir ça... Descends du vélo".

Le douanier ouvre le sac et répand le sable qu'il contient sur le sol. Il fouille dedans sans rien y trouver. "C'est bon" lui dit-il. Juan ramasse le sable du mieux qu'il peut et repart sur sa bicyclette. 

Une semaine plus tard, la même chose se produit. Le douanier demande à Juan : "Qu'est-ce que tu as dans ton sac cette fois ?" Juan répond : "Du sable". Le douanier qui n'est toujours pas convaincu décide de détenir Juan pour la nuit et d'envoyer un échantillon du sable pour analyse. Le lendemain, les résultats révèlent qu'il s'agit bien de sable. Il laisse donc Juan repartir sur son vélo.

Le petit manège se poursuit chaque deux ou trois jours pendant les quelques années qui suivent. Chaque fois, le douanier fouille le sac de sable. Il envoie régulièrement des échantillons pour analyses de toutes sortes mais toujours sans rien trouver d'autre que du sable. 

Finalement, quelques années plus tard, Juan arrête de traverser la frontière en bicyclette avec son sac de sable. Un beau jour, lorsqu'il est à sa retraite, le douanier est en vacances au Mexique et rencontre Juan dans un petit bar sur la plage. "Hey, je te reconnais, toi ! Tu n'es pas le gars qui traversait la frontière en bicyclette avec un sac de sable ?". Juan reconnait le douanier et lui répond : "Oui, c'est moi". "Qu'est-ce que tu deviens ?" lui demande le douanier. "Je me suis acheté ce petit bar et je vis tranquillement", répond Juan.

Le douanier se décide finalement à lui demander : "Écoute, je suis à la retraite et je n'ai plus aucun pouvoir. Je voudrais bien savoir une chose. Je n'ai jamais arrêté de penser à ça depuis que je t'ai vu la première fois. Juste entre toi et moi, tu faisais de la contrebande...". Juan esquisse un petit sourire et répond : "Oui, et c'est comme ça que je me suis acheté ce petit bar". Le douanier s'approche un peu et demande à voix plus basse : "Et qu'est-ce que tu passais frauduleusement aux douanes ?" "Des bicyclettes !"

André Besson "Contrebandiers et gabelous"

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