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Fugues
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18 novembre 2011

Renoncer à nos défenses psychologiques


Nous avons tous des défenses psychologiques. Elles servent à nous protéger de ce que nous ne pouvons pas assumer. De même que le corps perd conscience lorsqu'il souffre d'un traumatisme (afin de se protéger d'une souffrance excessive), de même nous élevons des défenses pour nous protéger des souffrances morales accablantes. La comparaison va plus loin : la perte de conscience ne protège le corps que momentanément ; au-delà d'un certain délai, le coma devient dangereux, voire mortel ; de même, l'abus de défenses devient tôt ou tard affectivement létal. Le recours aux défenses crée à la longue une dépendance qui, comme toutes les drogues, nous empêche de rester en contact avec la réalité.

Que sont les défenses ? Les plus courantes sont la négation du réel, la répression des sentiments, le rejet de responsabilité sur des facteurs extérieurs, la justification abusive et l'intellectualisation. Elles nous permettent d'expliquer des comportements que nous refusons de remettre en cause. Elles nous aident à sauver la face, vis-à-vis de nous-mêmes comme vis-à-vis des autres, quand nous sommes incapables de voir ou d'accepter les choses telles qu'elles sont. Elles tendent à masquer la vie et à nous fournir des excuses pour nous montrer désagréables dans nos pensées, nos sentiments ou nos comportements. Nous faisons appel à nos défenses quand nous refusons de remédier à nos imperfections. Elles nous servent à nier que la vie est pénible, que la mort existe, que nous possédons tous un mauvais côté qui nous déplaît. Nous avons recours à nos défenses quand nous sommes acculés à reconnaître que nous ne sommes pas parfaits, que la vie est injuste, que nous nous sentons faibles et sans ressource. Plus nous faisons appel à elles et plus nous avons besoin d'elles. Les défenses sont une drogue : elles ne tardent pas à prendre le contrôle de notre personnalité et nous nous apercevons bientôt que nous ne pouvons plus nous passer d'elles. Elles deviennent une habitude inconsciente.

Quel est l'antidote contre les défenses? Comment cesser de les utiliser, alors que nous ne sommes pas toujours conscients de nous en servir ? D'abord, prenons nos responsabilités : acceptons le fait que nous sommes humains et que nous ne saurions être parfaits ; il nous arrive de commettre des erreurs, nous avons des mauvais côtés, des ombres qui nous hantent. Nous faisons parfois des choses mal, des choses bêtes et des choses qui font mal. Nous en sommes tous là. Une des grandes ironies de la vie, c'est que les gens qui nous connaissent le mieux sont conscients de nos limites et percent à jour nos défenses. Une autre ironie, c'est que, une fois que nous reconnaissons l'existence secrète de notre mauvais côté, celui-ci perd la plus grande partie de son empire sur nous. Se prendre en charge, c'est une façon de reconnaître qu'il nous arrive de commettre des fautes.

Comme nos défenses fonctionnent pour nous éviter les souffrances de la réalité, la deuxième façon de se passer d'elles consiste à accepter la souffrance. Il est inutile de nier, de réprimer ou de justifier abusivement quelque chose que l'on admet et que l'on accepte. L'acceptation fournit la force nécessaire pour surmonter la souffrance. Il faut beaucoup moins d'énergie pour reconnaître que l'on souffre et pour affronter la souffrance que pour nier celle-ci ou intellectualiser ce que nous ressentons. Ce n'est pas de la faiblesse que de ressentir la souffrance : c'est humain.

Une fois que vous vous assumez et reconnaissez que vous ressentez de la douleur, vous vous libérez des exigences imposées par vos défenses. Les mécanismes de défense ne fonctionnent bien que dans la mesure où nous n'en sommes pas pleinement conscients. Pour qui s'assume et assume ses comportements, point n'est besoin de défenses. En reconnaissant ses faiblesses et en acceptant le caractère faillible de la nature humaine, on se donne la possibilité de renoncer à ses défenses. On cesse d'en avoir besoin pour se protéger. On devient assez fort pour assumer sa souffrance. Devenir conscient de ce que l'on fait et de la façon dont on édifie des défenses, cela fait partie de l'estime de soi. Et l'estime de soi, c'est se défaire de tout ce qui entrave notre connaissance de nous-mêmes, par exemple nos défenses.      

Suzanna Mc Mahon

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Commentaires
L
Tout à fait !<br /> Merci de votre visite.<br /> Leirisanne
B
connais toi toi même et aimes toi ...<br /> vaste programme mais incontournable pour que la vie ne soit pas un enfer ...
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