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Fugues
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17 janvier 2007

1848 : un bon fils

A Monsieur XX
Rue de Vaugirard XX
A Paris

Fontaines le 11 septembre 1848

Mon bien cher Père,

Nous ne savons toujours point ce qu’on fera de nous. On pense que les affaires d’Italie s’arrangeront à l’amiable. Dans ce cas on dissoudra probablement l’armée des Alpes et nous rentrerons chacun chez nous. Peut-être le 3ème régiment quitterait-il Valence pour venir tenir garnison à Lyon.

Votre dernière lettre, mon cher Père, m’a mis le mariage en tête, ce serait être parfaitement égoïste que de prendre cause de tous ces évènements pour éviter les charges et les devoirs de la famille. Si par hasard, vous trouviez une bonne occasion, je vous donne mon plein consentement; j’ai bien des défauts mais je me crois parfaitement capable de rendre une femme heureuse. Quant à la question de religion, je ne veux pas me faire meilleur que je ne suis, cependant je parle franchement en disant que j’ai été élevé religieusement et que ces premières croyances, de mon enfance, je les garderai toute ma vie. J’ai toujours reçu avec émotions les impressions religieuses et vivant avec une femme bonne pieuse, il me semble que je serais heureux de faire comme elle. Une très grande fortune ne me tente pas ; je crois qu’au temps où nous vivons, c’est plutôt une charge qu’une cause de bonheur ; je ne désire que ce qu’il me faut pour vivre à l’aise et pourvoir à l’éducation des enfants. Lorsque je serai Capitaine je toucherai un peu plus de 3000 F par an, si vous me trouviez une femme bonne, bien élevée, d’un bon caractère et qui m’apportat 5000 F de rente, ce serait une heureuse occasion.

Je me rapporte à toi, ma bonne Laure, pour me trouver une petite femme bien gentille; tu sais ce qu’il me faut ; quand tu l’auras trouvée, écris-le moi. Je commence à devenir vieux. J’ai déjà une masse de cheveux gris.

Adieu, je vous embrasse bien tendrement mon cher Papa et ma chère Maman et aussi mes bonnes sœurs. Écrivez-moi toujours à Fontaines jusqu’à nouvel ordre.

Auguste

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